Entrée dans la production de volailles

21.10.2020 Du groupe Bell Food
Se lancer dans l'élevage de volailles doit être mûrement réfléchi. Entretien avec deux agriculteurs jurassiens qui ont franchi le pas. L'un avec un système de stabulation particulièrement respectueux des animaux (BTS), l'autre avec un élevage en plein air selon Bio Suisse. Tous deux expliquent leur point de vue, la manière dont ils ont franchi le pas et les défis qu'ils ont dû relever.

Chez Bell, nous recherchons quatre nouveaux producteurs de BTS et douze nouveaux producteurs biologiques chaque année.

2 chacun sur deux hectares de leurs terres pour un total de 2 600 poulets d'engraissement

Quel a été le facteur décisif de votre entrée dans la production avicole ? Michaël Mercier (MM) : Nous étions confrontés à la décision d'investir davantage dans notre exploitation. A l'époque, nous avions des vaches allaitantes. Nous avons fait des calculs et nous sommes arrivés à la conclusion qu'un poulailler s'amortirait beaucoup plus vite qu'une étable. J'ai demandé à mes collègues et un spécialiste de la volaille de Bell m'a donné des conseils avisés.

Sébastien Eicher (SE) : Nous avons repris la ferme de mon oncle en 2013 et nous élevions une quarantaine de vaches laitières. La situation était devenue critique et je m'apprêtais à prendre un poste à l'extérieur. Les bâtiments avaient besoin d'être rénovés. L'investissement en volailles était faible par rapport à un système de traite. De plus, le rendement était garanti et stable.

Quelles inquiétudes avez-vous eues au moment de prendre votre décision ? MM: J'avais peur d'être seul et de devoir tout apprendre par la pratique. Ni moi ni ma femme ne connaissions rien à l'aviculture. Au début, nous avions un consultant de Bell à nos côtés tous les deux jours. Il vivait presque dans le poulailler et son aide valait son pesant d'or.

SE : Nous avions aussi peur de perdre notre indépendance et de devenir dépendants d'un groupe. Mais ce n'est pas du tout le cas, au contraire. Dans l'élevage et le marché laitier, chacun est un loup solitaire. Si on ne veut pas vendre le lait au prix proposé, on est renvoyé... Cela fait du bien de faire partie d'une équipe et de travailler avec des partenaires plutôt que de se battre les uns contre les autres.

Michaël Mercier
Quel système d'élevage avez-vous choisi et pourquoi ?

Notre ferme est divisée en parcelles individuelles

MM : Notre exploitation est divisée en parcelles individuelles, je n'étais pas prêt pour le bio. C'est pourquoi j'ai opté pour le système BTS. L'avantage est que tout est automatisé. La température est facile à régler et cela nécessite moins d'espace au sol. (Note de la rédaction : Pour installer un poulailler BTS, Bell exige que l'extension intérieure soit conforme à l'art. 16a de la loi sur l'aménagement du territoire, mais deux producteurs peuvent s'associer.)En ce qui concerne le bien-être des animaux, les poulets de chair disposent d'une aire climatique extérieure avec lumière du jour et température ambiante. Comme nous élevons beaucoup de poulets de chair, un problème d'hygiène aurait des conséquences catastrophiques.

SE : Nous avons décidé de passer à l'agriculture biologique parce que nous voulions que toute la ferme soit certifiée biologique. Bell nous a offert le plein prix biologique alors que nous étions encore en phase de conversion. Nous avons transformé l'ancienne grange en poulailler. Les poulaillers doivent être proches de la ferme pour que nous puissions nous assurer que nos poulets ne sont pas pris par des renards ou des oiseaux de proie. Notre voisin travaille avec le même système, nous nous aidons donc mutuellement à loger les poussins et à charger les poulets de chair

Joëlle et Sébastien Eicher
À quoi ressemble votre travail et combien de temps y consacrez-vous ? MM : Les heures de travail sur l'année sont équivalentes à un temps plein. A l'arrivée des poussins, il faut les surveiller toutes les deux heures - même la nuit - pour leur assurer un démarrage optimal. Plus tard, c'est moins et nous ne devons contrôler les animaux que deux fois par jour. Pour cela, il faut avoir l'œil. Ma femme s'en occupe pour nous. C'est idéal parce que ce n'est pas un travail physiquement difficile.

SE : Ma femme s'occupe également des animaux pour nous. Il est important que ce soit toujours la même personne, car elle peut ainsi repérer toute irrégularité

MM : Notre cycle dure de 30 à 36 jours. Les poussins d'un jour ont un besoin de chaleur élevé d'environ 33°C. Pendant le cycle d'engraissement, la température peut alors être abaissée et les animaux ont accès à l'aire climatique extérieure. À la fin du cycle, les poussins de chair sont transportés par camion. De nombreuses personnes du voisinage m'aident à les charger. Toutes les installations doivent être nettoyées. Nous épandons le fumier de volaille sur le champ ou le livrons à l'usine de biogaz voisine.SE : Pour nous, le cycle dure 63 jours. Lorsque les animaux sortent de la poussinière après trois semaines, ils sont logés dans des huttes mobiles. Le climat dans les huttes mobiles est régulé par l'ouverture ou la fermeture des fenêtres. La chaleur estivale affecte également les animaux. J'ai donc installé un ventilateur pour mieux rafraîchir les clapiers en été et les chauffer un peu en hiver. Après un cycle, je déplace les poulaillers d'environ 3,6 tonnes vers un autre pâturage. Les quatre pâturages sont approvisionnés au cours d'un cycle. Les voisins nous aident également à déménager. C'est une occasion sociable et nous mangeons tous ensemble après l'opération. Il y a peu d'occasions de se réunir, alors nous en profitons.

Quels ont été les défis à relever ?

MM:Il a fallu deux ans et demi avant que le projet ne soit lancé

MM: Il a fallu deux ans et demi avant d'obtenir le permis de construire. Comme nous vivons dans un canton où il y a beaucoup de vaches, l'autorité chargée de l'aménagement du territoire était très méfiante. Nous avons dû nous y prendre à temps. Les défenseurs des droits des animaux et les groupes de développement durable de la municipalité m'ont contacté et ont menacé de s'opposer à la construction. Mais après avoir expliqué mes arguments et ce que je voulais faire, ils m'ont empêché de le faire.

SE : Aussi avec le permis de construire, mais cela n'a pris qu'un an dans mon cas.

L'autorité chargée de l'aménagement du territoire s'est montrée très méfiante

Avez-vous eu des craintes concernant l'épandage de fiente de poulet dans les champs ? SE : Oui, le fumier de poulet a une forte teneur en ammoniac et dégage donc une forte odeur. Mais je n'ai pas eu de problèmes MM : Au début, j'ai épandu le fumier dans des champs plus éloignés pour voir si je sentais quelque chose. Et je me suis renseigné dans le village pour voir si quelqu'un était gêné par le fumier. Je veille également à ne pas épandre le fumier n'importe où sans vérifier. Si vous amenez le fumier à l'usine de biogaz, vous perdez l'odeur et le fumier peut être utilisé comme source d'énergie en même temps.

Vous prévoyez une expansion ?

SE : Non, nous fonctionnons à pleine capacité. En termes d'hygiène, nous pourrions difficilement faire plus.

MM : Bell ne veut pas de plus grands poulaillers. Mais je suis prêt à continuer à développer la production de BTS avec Bell.